- ici la version livret (à imprimer recto/verso petit côté et à plier en 2)
- ici la version courte, pour les parents pressés
- ici l'importance de la lecture chez les tout-petits par le pédopsychiatre Patrick Ben Soussan
Sommaire :
L'enfant et vous : histoire de communiquer
L’enfant, le livre et vous
Un livre, un objet
A partir de quel âge peut-on lire à un enfant ?
Les premiers mois
Jusqu’à 15 mois
Jusqu’à 30 mois
Le comportement des enfants face au livre
Quels livres pour les petits ?
Des livres ça ?
Quelques lectures pour les grands
L’enfant, le livre et vous
Un livre, un objet
A partir de quel âge peut-on lire à un enfant ?
Les premiers mois
Jusqu’à 15 mois
Jusqu’à 30 mois
Le comportement des enfants face au livre
Quels livres pour les petits ?
Des livres ça ?
Quelques lectures pour les grands
L’enfant et vous : histoire de
communiquer
Lire, raconter, chanter, conter, imiter (des cris d’animaux...), compter à un enfant c’est communiquer avec lui, au même titre que lui parler, bouger les mains, lui sourire ou tourner avec lui les pages d’un livre.
La communication prend toutes ces formes,
diverses et variées.
Les enfants sont à l’affût de tout. Tout
est nouveau pour les petits qui découvrent le monde : les sons, les
couleurs, les odeurs, les textures, les goûts, les sensations... Ils sont
friands de nouveautés, mais ne connaissent pas encore tous les codes de la
communication.
Ils écoutent, sentent, découvrent le monde
sans que parfois nous le remarquions.
L’enfant, le livre et vous
Les bibliothécaires, insistent tout particulièrement sur le rapport enfant/livre, voire sur le rapport enfant/livre/lecteur, et aussi sur l’importance du livre dans la découverte du monde et du plaisir des mots de la part des enfants.
Le livre n’est qu’un support, un médiateur
entre l’enfant et le lecteur (un lecteur peut être aussi bien un adulte qu’un
autre enfant sachant lire), mais jusqu’à maintenant il n’existe pas d’autre
support plus adapté et plus pratique pour véhiculer des images, des idées et
développer l’imagination.
Le livre possède des particularités qui le
rendent pratique : il est facile à manipuler, à
transporter, doux au toucher et facile à « animer » (la voix du
lecteur suffit).
Lire à un enfant c’est donner vie aux mots
couchés sur le papier, c’est les faire bouger, les mettre en
bouche, les chanter, pour lui faire découvrir toutes les images que les mots
renferment et les pensées qu’ils transcrivent.
Lire, chanter ou raconter, calme, berce,
amuse et rassure les enfants. Par les sons et par les mouvements
associés, la lecture/chanson procure du plaisir et permet aux enfants
d’exprimer des émotions, des sensations ainsi que des sentiments. Mais la
lecture permet aussi aux enfants de découvrir des mots, d’apprendre et parfois
de comprendre le monde qui les entoure.
Il est très important que
le tout-petit feuillette un livre en compagnie d’un lecteur.
L’enfant ne sait pas et ne peut pas lire
tout seul, et le livre ne parle pas si on ne le lit pas. La présence d’un
lecteur est donc indispensable. Le moment de la lecture doit être un
moment privilégié entre l’enfant et le lecteur.
C’est un moment propice aux échanges, et à la création de liens.
Et peut-être la
chose la plus importante : le plaisir!
Le plaisir d'échanger, de partager avec l'autre des histoires et des
découvertes. Le plaisir de raconter des histoires, le plaisir d'être écouté...
Le plaisir de rire, d'avoir peur, d'être surpris et de se laisser entraîner par
le récit... Le plaisir d'être dans ces troublantes sensations d'impatience et
de curiosité jsuqu'à la fin de l'histoire...
Il faut que le moment de lecture soit un moment
agréable pour eux, enfants, et pour nous, adultes ou éternels enfants...
C.f.
ce court document « Des bébés croqueurs de livres » sur le plaisir que prend le tout-petit
avec le livre.
Un
livre, un objet
Un livre est composé de feuilles reliées
entre elles, sur lesquelles se trouve imprimée la pensée humaine. C’est ce qui
le rend précieux et utile. Il faut le protéger et en prendre soin car c’est un
objet fragile.
Mais de nos jours, le livre est un objet
de consommation comme les autres. Il peut être remplacé.
Il a une vie et une mort. Il a le droit de s’abîmer et
d’être abîmé. Et surtout, il doit être manipulé, feuilleté, mâché,
mordillé…
Le livre doit être abîmé…
avec modération !
A partir de quel âge peut-on lire à un
enfant ?
La réponse est : le plus tôt possible ! Dès que le bébé est bien à l’abri dans le ventre de sa maman.
Tous les spécialistes (médecins,
pédiatres, pédopsychiatres, psychologues…) affirment que le bébé est réceptif dans le ventre de sa
mère. C’est ce que l’on appelle la caresse auditive.
Il ne
faut donc pas hésiter à lui chanter, lui faire écouter des musiques ou
lire à haute voix pour que bébé en profite et soit bercé
par le son du lecteur/chanteur. Le lecteur peut être une autre personne que la
maman.
Les premiers mois
Pendant environ neuf mois, les bébés n’ont jamais pu voir de leurs yeux d’où provenaient les sons qu’ils entendaient.
A leur naissance la vue n’est pas encore
performante, mais les spécialistes ont prouvé que les
bébés de moins de deux mois perçoivent les formes, les contours et les couleurs
primaires.
Les chansons (avec gestes, avec des jeux
de doigts) et les berceuses sont donc toujours les bienvenues.
Il ne faut pas hésiter à leur montrer et à
leur faire manipuler des petits livres adaptés à leurs petites mains, tels que
les imagiers, les randonnées ou les comptines (qui utilisent la technique de la
répétition de syllabes, de mots ou de phrases, et qui peuvent être chantées).
Jusqu’à 15 mois
L’acuité visuelle est plus développée qu’avant. L’enfant découvre le monde avec son corps (ses mains, sa bouche, passage de la position couchée à celle assise, commence à se déplacer à quatre pattes...). Il apprend beaucoup de mots mais n’en prononce encore que quelques uns.
Aux livres précédents, vous pouvez ajouter
les livres avec des personnages récurrents, les livres sur des thèmes propres à
l’enfant… Privilégier les livres plutôt solides, mais ne pas exclure les autres
car un lecteur sera toujours là pour lui montrer comment les manipuler.
Jusqu’à 30 mois
L’enfant est passé à la position debout, il grimpe, court. Il connaît beaucoup de mots et répète tout ce qu’il entend. Les petits problèmes pour le coucher, l’opposition et le refus de partager apparaissent. Ses jeux sont encore solitaires, mais les premiers contacts avec les autres enfants et la vie en groupe se font, petit à petit.
Vous pouvez lui mettre tout genre de
livres entre les mains. L’enfant a compris qu’un livre est fragile, que le
récit a un sens de lecture, qu’il faut tourner les pages les unes après les
autres pour suivre l’histoire.
Mais le tout-petit a, bien sûr, encore
besoin d’être accompagné dans sa découverte des livres. Découverte qui ne fait
que commencer...
Le comportement des enfants face au livre
Les enfants appréhendent le livre d’une manière que nous pouvons considérer comme étrange.
Pendant la lecture, les tout-petits
peuvent marcher, parler, tourner le dos au lecteur, s’intéresser à un autre
livre, à une autre personne… Ceci ne veut pas dire que l’enfant n’écoute pas.
Continuez la lecture malgré tout.
Un enfant qui va chercher un livre, qui
vous l’apporte et vous le dépose à vos pieds ou sur vos genoux est un geste
d’invitation. Il vous demande de lui lire ce livre. Et si au milieu de la
lecture il s’en va, c’est normal.
Si l’enfant ne s’assoit pas comme vous
pour lire un livre, c’est normal.
Si un enfant se place à côté de vous, ou
légèrement derrière vous, c’est tout aussi normal. L’enfant se fait une image,
se représente l’endroit où se créent et duquel sortent les mots : c'est-à-dire
de derrière la tête (c.f. : Le bébé, les livres et la culture/ P. Ben Soussan).
S’il vous demande de lui lire plusieurs
fois de suite le même livre, c’est ce que l’on appelle le principe
d’apprentissage par répétition.
Si plusieurs enfants sont présents, il se
peut qu’ils se disputent le livre que vous venez de lire. Si ça ne dégénère pas
trop violemment vous pouvez les laisser se chamailler. Au bout d’un moment ils
finiront par feuilleter le livre ensemble.
Essayez de choisir des moments fixes et
réguliers pour les lectures, de choisir aussi un lieu calme, sans passage.
Grâce à ce lieu et à ce moment précis, la lecture deviendra une activité à part
entière qui donnera de l’importance au livre.
La lecture doit être un moment agréable.
Il faut qu’elle se déroule dans la bonne humeur. Prenez autant de plaisir que
l’enfant à lire et à chanter.
Le comportement de l'adulte influence le
comportement du petit : si l'adulte téléphone, parle avec quelqu'un d'autre ou
fait autre chose, l'enfant l'imitera.
Comme nous l’avons vu, la présence d’un
adulte est indispensable. Le livre n’est pas une télévision ou une nounou.
Un enfant peut bien entendu feuilleter un
livre tout seul, mais l'échange ne sera pas le même.
Le moment de la lecture ne doit pas être
uniquement un moment calme pendant lequel l’enfant fait moins de bruit car il
est concentré sur un livre. Un livre, comme une musique, ça peut inspirer des
réactions, des gestes, des envies, des cris !
Ne pas hésiter à raconter des histoires
dont les thèmes pourraient vous paraître graves (histoires adaptées à leur âge,
bien sûr). Des histoires sur les peurs des enfants (le noir, l’abandon,
maladies…), sur votre condition sociale ou physique (famille monoparentale,
maladies…).
Un
livre n’est pas un objet sacré. Vous pouvez improviser un texte ou des
dialogues, même s’il est conseillé de ne pas changer le texte original :
- Les auteurs de littérature jeunesse pensent et étudient leurs
histoires. Les mots ne sont pas mis là par hasard. Leurs œuvres sont souvent
discutées avec des professionnels de l’enfance avant d’être publiées,
- Les enfants aiment retrouver un texte
dans son exactitude. Ça les rassure.
Les personnes d’origine étrangère ne
doivent pas hésiter à partager leur culture, en lisant ou en chantant dans leurs
langues d’origine. Surtout quand on sait qu'un tout-petit peut prononcer tous
les sons humains. (Les enfants perdent cette grande capacité de reproduction de
sons car ils baignent dans un environnement sonore propre à une langue, à une
culture.)
Quels livres pour les petits ?
Les imagiers : excellents outils
pour développer le langage, dès le plus jeune âge. Ils vont permettre d'aborder
et mettre en parallèle différents niveaux de langage (affectif, familier,
lexical, descriptif, argumentatif, scientifique) et mettre en place les champs
lexicaux, sémantiques et syntaxiques.
Les comptines :
toujours rythmées, sont parlées ou chantées. Elles servent à désigner, à
partager, à énumérer et à éliminer. Elles facilitent l’intégration au
groupe : plaisir de dire ensemble, avec le lecteur, apprentissage des
règles de vie communes, identité de groupe, etc…
Les randonnées : comme leur nom
l’indique, elles se déroulent comme des promenades où le héros, chemin faisant,
y fait des rencontres successives. La construction du récit est simple et
linéaire.
Les contes :
univers enchanté dont la magie stimule l’imagination. Le conte est un récit
dont le contenu porte sur des événements imaginaires et dont la vocation la
plus fréquente est d’instruire de manière ludique. Les contes sont adaptés aux
plus grands, 2 ans et plus.
Les livres avec des personnages récurrents (Popi,
Caillou, Trotro, Babilou, Petit ours brun, Elmer…)
Les livres sur des thèmes qui
concernent l’enfant : la peur du noir, de la solitude, l’alimentation, le
pot, le refus et l’opposition, la famille recomposée, l’arrivée de petit frère
ou de petite sœur, papa ou maman au travail, les grands-parents, la mort …
Les livres documentaires sur des
thèmes variés : les animaux, les saisons, les camions, les fruits et légumes,
l’hôpital, les couleurs…
Les livres en papier, les livres en tissu,
les livres cartonnés, les livres plastifiés…
Des livres ronds, carrés, rectangulaires,
triangulaires, à trous, animés, tactiles, sonores (pas électroniques)…
Autres supports : les compact-disques,
les livres CD, les films pour les plus jeunes…
Des
livres ça ?
Les livres électroniques. Ce sont des livres, en général en plastique dur, composés de quatre à cinq pages rigides, et parsemés des boutons sur lesquels les enfants peuvent appuyer.
Musiques, bruitages et textes préenregistrés sortent alors du livre en
clignotant de toutes les couleurs. Voix ou musiques ont toujours la même
tonalité, toujours la même timbre, toujours les mêmes mots, car préenregistrées
(la notion d’apprentissage par la répétition ne fonctionne pas lorsqu’il n’y a
pas de nuances).
Ne s’arrête pas si l’enfant lui tape dessus. Ne réagit pas aux
expressions et aux réactions de l’enfant. Ne sourit pas, n’a pas la chaleur et
l’attention du regard d’un lecteur en chair et en os.
Quelques lectures pour les grands :
Lire
des livres à des bébés/ Dominique Rateau.- éditions Erès,
collection « Mille et un bébés ».
Des
livres d’images, pour tous les âges/ Dominique Rateau.- éditions Erès,
collection « Mille et un bébés ».
Dominique Rateau : a
exercé le métier d'orthophoniste-thérapeute du langage et de la communication
en institutions spécialisées pendant vingt ans. Elle a conduit une mission
« livres-petite enfance » pendant treize ans, au sein du Centre
régional des lettres en Aquitaine. Elle est membre fondateur de
l' « Agence nationale des pratiques culturelles autour de la
littérature jeunesse ». Elle tient depuis 1996 la rubrique « Des
Livres et des bébés » de la revue Spirale dirigée par Patrick Ben
Soussan.
Les
livres, c’est bon pour les bébés/ Marie Bonnafé.- Hachette Littérature,
collection « Pluriel », 2003 (1e édition Calmann-Levy,
1994).
Les
comptines sont-elles bien innocentes ?/ Marie Bonnafé in La Revue des
livres pour enfants, n° 199-200, juin 2001.
Marie Bonnafé est
psychiatre-psychanaliste, membre de la société psychanalytique de Paris.
Les
tout-petits et les livres / Patrick Ben Soussan.- Erès, 2001.
Patrick Ben Soussan est
pédopsychiatre. Il est responsable de l'unité de psycho-oncologie de l'institut
Paoli-Calmettes (centre de lutte contre le cancer) à Marseille. Il s’est
intéressé à la relation enfant/livre dans le cas des enfants malades.
Les jeunes enfants et les livres/
René Diatkine, Marie Bonnafé, Jacqueline
Roy, in Psychiatrie de l’enfant.XXIX,2,1986.
Les
livres, c’est bon pour les petits. D’une expérience à un reportage vidéo/ in La
Revue des livres pour enfants, n°113. printemps 1987.
« Pour
ouvrir à tous l’accès à l’écrit, nous répondons… en contant des livres aux
enfants… les enfants n’ont d’appétit réel pour la langue écrite qu’après avoir
découvert le plaisir du texte, ils ne peuvent apprendre à connaître qu’après
avoir éprouvé le plaisir d’imaginer. »
René Diatkine
(1918-1997) : Psychanalyste praticien, pedopsychiatre, professeur à
Genève.
L’espace culturel et l’imaginaire du jeune
enfant/ Tony Lainé in Les livres à petits pas
contés Actes du colloque, Villeurbanne 1992.
Culture
et Petite Enfance : contre les exclusions les plus précoces/ Tony
Lainé in Ouvrez les livres aux bébés, Dossier documentaire Institut de
l’Enfance et de la Famille, Paris. Avril 1991.
« Cessons
une fois pour toutes de guerroyer contre ce que l’on appelle injustement le
temps perdu. Il se pourrait bien que le jeu soit la plus sûre manière de
grandir, et que le conte et le poème soient les plus précieuses réponses
apportées aux ardentes questions du début et de la fin des temps. »
Tony Lainé
(1930-1992) : Chef de service de psychiatrie infanto-juvénile.
Jeu et réalité, l'espace potentiel /
Donald Winnicott.- Gallimard, 1975.
Psychanalyse
des contes de fées/ Bruno Bettelheim.- Pocket, 1999.
« Le
conte ouvre de nouvelles dimensions à l’imagination de l’enfant que celui-ci
serait incapable de découvrir seul »
Bruno Bettelheim
(1903-1990). Psychanalyste. Il explique ses recherches dans de nombreux
ouvrages de vulgarisation. Deux de ses livres ont eu un grand succès La
forteresse vide qui aborde les problèmes de l’autisme encore peu connus à
l’époque et Psychanalyse des contes de fées dans lequel il explique que
les contes de fées exercent une fonction thérapeutique sur l’enfant : ils
répondent de façon précise aux angoisses du jeune enfant. Le « Roi »
et la « Reine » sont une image inconsciente des « bons »
parents, comme la marâtre, la sorcière, l’ogre, font partie des fantasmes de
l’enfant qui voit en ses parents, parfois non plus les « bonnes
images », mais celle de parents méchants et frustrants.
Françoise
Dolto (1908–1988). Son site :
www.dolto.fr
L'Haptonomie
périnatale/ Dolto-Tolitch Catherine.- Gallimard Jeunesse,
France, 1999. (CD audio).
Catherine Dolto-Tolitch
(1946-…) : hapto-psychothérapeute depuis quelques années, depuis sa
rencontre avec Frans
Veldman, le fondateur de l'haptonomie. Cette pratique la met en contact
avec les bébés. En 1980, avec l'éditeur Colline Faure-Poirée, elle crée une
nouvelle collection sur la santé des plus petits.